Cette semaine, les développements sur le marché international des terres rares ont montré que l'Europe a réalisé des progrès substantiels dans la construction d'une chaîne d'approvisionnement locale en terres rares, tandis que les États-Unis ont renforcé leur coopération avec les ressources en terres rares d'Amérique du Sud via des exportations de capitaux et de technologies. Les deux régions ont adopté des approches différentes pour promouvoir la diversification de la chaîne d'approvisionnement en terres rares.
La structuration de l'industrie européenne des terres rares est entrée dans une phase concrète cette semaine.
L'usine d'aimants en terres rares de Neo Performance Materials à Narva, en Estonie, a officiellement commencé ses activités. La construction de l'usine a débuté en 2023, et elle a été l'un des premiers bénéficiaires du Fonds pour une transition juste de l'UE. Sa capacité de production de phase 1 est de 2 000 tonnes par an, avec des plans pour l'étendre ultérieurement à 5 000 tonnes par an.
L'usine a commencé à expédier des échantillons d'aimants frittés aux clients en avril de cette année et, dans le cadre de la première série de production, a produit 18 000 aimants assemblés répondant aux normes de qualité pour moteurs de traction de véhicules électriques. Concernant la coopération marché, un important fournisseur européen non nommé de moteurs de traction pour véhicules électriques a convenu en août 2024 d'acheter 35 % de la capacité de phase 1 de l'usine.
De plus, Neo a récemment signé un contrat préliminaire pluriannuel avec Bosch, en vertu duquel Neo réservera « une capacité de production annuelle significative d'aimants » pour Bosch. La société a également œuvré à l'établissement d'une chaîne d'approvisionnement complète « de la mine à l'aimant », s'alignant sur les efforts plus larges visant à diversifier la chaîne d'approvisionnement en terres rares hors de Chine.
En France, l'installation de terres rares de Lacq prévoit d'investir 245 millions de dollars, visant à contester la domination chinoise de 90 % dans l'approvisionnement mondial raffiné. Le projet cible une production annuelle de 600 tonnes de terres rares lourdes et, grâce à des partenariats internationaux stratégiques, vise à capturer 15 % de part de marché.
Les États-Unis ciblent les minéraux de terres rares sud-américains
Aux États-Unis, l'accent cette semaine était mis sur la coopération avec les ressources en terres rares d'Amérique du Sud. Aclara Resources a annoncé un plan d'investissement ambitieux.
Le vice-président exécutif de la société, Jose Augusto Palma, a déclaré mardi qu'ils espéraient investir 1,3 milliard de dollars pour construire des mines de terres rares en Amérique du Sud et une usine de traitement aux États-Unis. Ce plan d'investissement comprend : investir 150 à 170 millions de dollars pour construire une mine au Chili, 600 millions de dollars pour construire une autre mine au Brésil, 300 à 400 millions de dollars pour construire une usine de séparation, et 400 millions de dollars pour construire une usine de métaux. Palma a en outre révélé que les projets au Brésil et au Chili visent à finaliser les études de faisabilité d’ici mi－2026, à commencer les travaux la même année et à démarrer la production avant 2028.
Aux États－Unis, le seul producteur d’aimants au samarium－cobalt, Permang, accroît activement sa capacité de production. Son usine de Lancaster, en Pennsylvanie, fait l’objet d’un projet d’investissement de plusieurs millions de dollars qui a plus que doublé sa capacité.
Cette expansion comprend l’ajout d’équipements de fabrication, de pressage et d’alliage de pointe pour répondre directement à la demande croissante de ses clients. Le PDG de Permang, Joe Stupfel, a déclaré : « Notre objectif est d’augmenter considérablement la production nationale d’aimants SmCo, de soutenir les priorités des États－Unis, de renforcer la chaîne d’approvisionnement nationale et de répondre à la demande commerciale croissante. »
De plus, la Defense Logistics Agency (DLA) américaine a intégré l’oxyde de scandium dans le Stockpile national de défense et a commencé à solliciter des offres d’entreprises pour fournir ce minéral／métal. La DLA a indiqué qu’elle passera des contrats pour l’approvisionnement en oxyde de scandium au moyen de commandes de livraison à prix fixe sur les cinq prochaines années, sans plafonnement des quantités acquises.
Actuellement, il n’existe qu’une seule source d’oxyde de scandium en Amérique du Nord — le groupe Rio Tinto, qui extrait de l’oxyde de scandium de haute pureté des flux de déchets générés lors de la production de dioxyde de titane dans son usine de Sorel－Tracy, au Canada. En mai 2022, Rio Tinto a produit le premier lot d’oxyde de scandium de haute pureté dans son usine de démonstration à l’échelle commerciale sur le site, devenant ainsi la première et la seule entreprise en Amérique du Nord à produire ce minéral critique.
