Introduction
Des informations récentes de Bloomberg, citant des sources de l'Association indonésienne des mineurs de nickel (APNI), indiquent que l'Indonésie pourrait s'orienter vers un virage majeur dans la chaîne d'approvisionnement mondiale du nickel. Le gouvernement étudierait un projet de réduction drastique du quota de production de minerai de nickel approuvé, connu sous le nom de RKAB, pour 2026, à environ 250 millions de tonnes, ce qui représenterait une baisse d'environ 34 % par rapport aux niveaux de 2025. Si elle est finalisée, cette mesure signalerait un changement notable de politique de la part du premier producteur mondial de nickel, avec l'intention claire de resserrer l'offre et de soutenir les prix du nickel, qui restent sous pression. La question de savoir si une telle réduction est pratiquement réalisable reste cependant ouverte.
Pour contexte, sur la base des discussions du SMM avec le ministère de l'Énergie et des Ressources minérales (ESDM), le gouvernement a effectivement commencé à resserrer les contrôles de « l'offre » de minerai de nickel en réponse à la surproduction persistante du marché. Les données internes du SMM montrent que la production réelle de minerai de nickel de l'Indonésie en 2025 est estimée à environ 265 millions de tonnes, bien en deçà du quota RKAB approuvé d'environ 326 millions de tonnes. Cet écart souligne que tous les quotas approuvés ne sont pas finalement réalisés sur le marché.
Parallèlement, le gouvernement se concentre de plus en plus sur la préservation et la prolongation de la durée de vie des ressources nickélifères de l'Indonésie. Selon l'ESDM, la teneur moyenne du minerai de nickel en 2024 était d'environ 1,66 %. Cependant, en seulement un an, la teneur moyenne en saprolite est tombée à environ 1,57 %, soit une baisse de près de 0,1 point de pourcentage, ce qui est significatif pour l'industrie. Cette détérioration rapide de la qualité du minerai reflète l'extraction accélérée des ressources à plus haute teneur. Si l'offre n'est pas contrôlée et que l'exploration ne suit pas le rythme de la croissance de la demande, les réserves de minerai de nickel économiquement viables de l'Indonésie pourraient s'épuiser beaucoup plus rapidement.
De ce point de vue, le volume de minerai de nickel effectivement mis sur le marché est déjà plus contraint que ne le suggèrent les chiffres globaux du RKAB. Pour sa défense, le régime des quotas de 2026 devrait s'accompagner d'exigences d'approbation plus strictes, notamment l'obligation de payer intégralement les garanties de réhabilitation, ainsi qu'un examen plus rigoureux des antécédents de production des mineurs, de leurs performances en matière d'exploration et de leur capacité opérationnelle. Ces mesures visent à améliorer la discipline et à garantir des pratiques minières durables.
Du point de vue de SMM, la prévision du quota de minerai de nickel indonésien pour 2026 devrait être abordée sous deux angles principaux :
I. Processus de demande RKAB 2026 en « deux » étapes
Bien que le cadre triennal précédent du RKAB soit revenu à un système annuel en vertu du Règlement ESDM n° 17/2025, le processus de demande et d'ajustement des quotas pour 2026 est toujours en cours. Conformément aux articles 11 et 12 du règlement, les mineurs peuvent demander des révisions de quota ou des allocations supplémentaires jusqu'au 31 juillet 2026, sous certaines conditions. Il est donc prématuré de conclure que les quotas approuvés seront strictement plafonnés à 250 millions de tonnes. Les mineurs de grande envergure bien établis, ayant de solides antécédents de conformité, pourraient encore demander des quotas plus élevés pour soutenir des ventes supplémentaires ou une expansion opérationnelle.
II. Demande croissante de fonderies en 2026
La demande de minerai de nickel devrait encore augmenter en 2026 avec la mise en service de nouvelles capacités de fusion, notamment dans le segment hydrométallurgique. La pression du gouvernement pour un développement en aval à faible émission et à valeur ajoutée élevée a encouragé les investissements dans les projets HPAL produisant du MHP. Bien que l'Indonésie compte encore moins d'installations HPAL que d'opérations pyrométallurgiques basées sur le RKEF, la capacité hydrométallurgique se développe régulièrement.
Il est important de noter que des teneurs moyennes en minerai plus faibles signifient une consommation de minerai plus élevée par unité de nickel produite. Produire une tonne de MHP nécessite considérablement plus de minerai lorsque les teneurs d'alimentation diminuent. Selon les prévisions de SMM, l'Indonésie pourrait produire plus de 200 000 tonnes supplémentaires de nickel métal en 2026, ce qui se traduirait par une augmentation significative de la demande de minerai de nickel. Cette estimation ne tient pas encore pleinement compte des capacités supplémentaires des projets de matte de nickel, NPI et FeNi, qui sont en construction ou en phase de planification.
Pour mettre cela en perspective, les données internes de SMM montrent que la demande de minerai de nickel de l'Indonésie en 2025 pourrait atteindre environ 280 millions de tonnes humides. Même après avoir pris en compte les réductions de production, les arrêts de maintenance ou les retards dans certaines fonderies, la mise en service de nouveaux projets en 2026 est susceptible de pousser la demande de minerai au-dessus des niveaux de 2025.
III. Conclusion de SMM
Bien que l'objectif de l'Indonésie de réduire l'approvisionnement en minerai de nickel soit clair, motivé par des objectifs de prix et de durabilité des ressources, une réduction générale du quota RKAB 2026 à 250 millions de tonnes pourrait s'avérer difficile à maintenir en pratique. Plusieurs facteurs pourraient pousser le quota approuvé final à la hausse, notamment la demande en aval croissante, la baisse des teneurs du minerai et le mécanisme de révision à mi-année propre au système RKAB. SMM estime que le quota de minerai de nickel approuvé par l'Indonésie pour 2026 devrait rester supérieur à 250 millions de tonnes, sauf si l'application des politiques devient nettement plus stricte que les années précédentes.



