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[Analyse SMM] L'OMC réprimande l'UE concernant l'acier inoxydable indonésien, mais le MACF arrive

  • oct. 16, 2025, at 11:01 am
  • SMM
Le groupe spécial de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dans sa décision DS616 rendue publique le 2 octobre 2025, a estimé que l'Union européenne (UE) avait enfreint des dispositions clés concernant ses droits anti-subventions sur l'acier inoxydable laminé à froid indonésien. En apparence, cela représente un triomphe significatif pour l'Indonésie dans un différend commercial traditionnel. Cependant, nous considérons cette victoire comme une « victoire à la Pyrrhus » : les bénéfices du ruling sont immédiatement annulés par des obstacles procéduraux, et l'ensemble de l'épisode est éclipsé par le choc structurel imminent du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF). Ce n'est pas la fin d'une ère commerciale, mais l'aube d'une ère bien plus exigeante.

Le groupe spécial de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dans sa décision DS616 rendue publique le 2 octobre 2025, a estimé que l’Union européenne (UE) avait enfreint des dispositions clés concernant ses droits antidumping sur l’acier inoxydable laminé à froid indonésien. En apparence, cela représente un triomphe significatif pour l’Indonésie dans un différend commercial traditionnel. Cependant, nous considérons cette victoire comme une « victoire à la Pyrrhus » : les bénéfices du verdict sont immédiatement annulés par des obstacles procéduraux, et l’ensemble de l’épisode est éclipsé par le choc structurel imminent du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM). Ce n’est pas la fin d’une ère commerciale, mais l’aube d’une ère bien plus exigeante.

Points saillants du verdict du groupe spécial : le « triple échec » de l’UE sur les allégations de subventions

Le rapport du groupe spécial de l’OMC a rejeté de manière décisive trois accusations clés formulées par l’UE pour déterminer l’existence de subventions compensables, offrant à l’Indonésie une majorité de victoires substantielles :

Attribution de subventions transfrontalières : la théorie de « l’incitation » de l’UE renversée

  • Point de contentieux : L’UE a cherché à imputer au gouvernement indonésien, aux fins de l’imposition de droits compensateurs, les financements préférentiels et le soutien fournis par des sources étrangères (Chine) aux producteurs d’acier inoxydable indonésiens.

  • Décision du groupe spécial : Le groupe spécial a explicitement indiqué que le recours de l’UE à la simple théorie de « l’incitation » pour attribuer une contribution financière étrangère (de la Chine) au gouvernement indonésien était incompatible avec l’article 1.1(a)(1) de l’Accord SMC (Accord sur les subventions et les mesures compensatoires).

  • Portée : Cette décision limite les tentatives de l’UE d’élargir la définition de « subvention » et de retracer les contributions financières transfrontalières dans ses enquêtes commerciales, établissant une contrainte importante pour la détermination des subventions dans les chaînes d’approvisionnement mondiales complexes d’aujourd’hui.

Affaire du minerai de nickel : échec à prouver le statut d’organisme public ou de mandat/directive

  • Point de contentieux : L’UE a allégué que le gouvernement indonésien fournissait du minerai de nickel aux producteurs nationaux d’acier inoxydable à une rémunération inférieure à un prix adéquat.

  • Décision du groupe spécial : Le groupe spécial a statué que l’UE n’a pas fourni de preuves suffisantes que toutes les sociétés minières indonésiennes de nickel étaient des « organismes publics », ni qu’elle n’a démontré que le gouvernement indonésien avait « chargé ou dirigé » des organismes privés pour fournir le minerai de nickel. Cela réfute directement la conclusion de l’UE sur l’existence d’une contribution financière, violant l’article 1.1(a)(1) de l’Accord SCM.

Exonérations fiscales : Vice procédural et insuffisance de spécificité

  • Principales constatations : Le groupe spécial a identifié une violation procédurale, estimant que l’UE n’a pas accordé au gouvernement indonésien la possibilité d’un « réexamen approfondi » lors du traitement des exonérations de droits d’importation comme une subvention. En outre, la conclusion de l’UE sur la « spécificité » des régimes d’abattement de l’impôt sur le revenu manquait d’une explication rationnelle et suffisante, constituant une autre violation.

Résumé du verdict : Les droits antisubventions doivent être ajustés, les droits antidumping maintenus

Bien que le groupe spécial ait rejeté la plupart des arguments de l’Indonésie concernant les mesures antidumping, le rapport a démantelé les piliers clés soutenant la détermination antisubventions de l’UE. Cela implique que l’UE doit modifier ou rejustifier les mesures antisubventions pertinentes. Cependant, l’UE étant prête à faire appel et l’Organe d’appel de l’OMC étant paralysé, le rapport n’est actuellement pas adopté, ce qui signifie que les droits existants ne disparaîtront pas automatiquement à court terme.

Analyse SMM : Le « trou noir de l’appel » et le véritable changement de donne

En raison de la paralysie persistante de l’Organe d’appel de l’OMC, l’UE peut simplement interjeter appel de la décision, envoyant effectivement l’affaire dans un « trou noir de l’appel » indéfiniment. Cela garantit que le droit antisubventions de 21,4 % reste en vigueur, rendant la décision commercialement insignifiante dans un avenir proche. Même sans le tarif antisubventions, l’acier inoxydable indonésien reste confronté à la double contrainte des droits antidumping maintenus et des quotas de sauvegarde sur le marché de l’UE.

1. SMM Insights : La reprise des exportations reste limitée car le « frein à main règlementaire » est encore partiellement serré.

Sous l’effet combiné des mesures de sauvegarde de l’UE et des « droits douaniers doubles » (anti-dumping/anti-subventions), les exportations indonésiennes d’acier inoxydable vers l’UE ont dégringolé jusqu’à un plancher de seulement 17,100 tonnes en 2023. Même avec une reprise en 2024, les volumes restent à environ 39% du pic de 2021 (330,000 tonnes).

La décision de l’OMC théoriquement lève le principal « frein à main règlementaire » en rejetant le droit anti-subventions dominant de 21,4%, ouvrant une voie potentielle aux produits transformés du nickel pour une rentrée sur le marché européen.

Cependant, le mécanisme d’appel signifie que cette « levée du frein à main » théorique ne peut pas être réalisée rapidement. Les exportations restent liées juridiquement par les tarifs douanières actuelles, et toute reprise réelle des flux commerciaux doit attendre une action juridique ou politique de la part de l’UE.

2. Le véritable « facteur décisif » : Le défi structurel du CBAM

La menace réelle pour le secteur indonésien de l’acier inoxydable n’est plus les litiges commerciaux traditionnels, mais bien le CBAM de l’UE, une nouvelle barrière commerciale verte. Cela représente un défi fondamental, potentiellement existentiel. L’avantage compétitif principal de l’Indonésie — ses ressources abondantes en nickel et son énergie à faible coût provenant principalement de ses centrales au charbon — est précisément son point faible en matière de coût carbone. La principale méthode de production de la fonte au nickel (NPI) (RKEF) est notoirement gourmande en énergie et fortement émettrice

Défi principal : Le CBAM commencera officiellement à imposer des redevances à partir de 2026. Des estimations préliminaires indiquent que la « taxe carbone » que les produits indonésiens à forte empreinte carbone devront payer pourrait facilement être égale ou même dépasser le droit anti-subventions controversé de 21,4%.Cela illustre parfaitement le dilemme actuel : déblayer un obstacle relativement mineur (le droit anti-subvention) pour découvrir que l’adversaire érige un mur plus haut et plus solide (CBAM) juste devant soi.

3. Implications globales pour le marché : Bruit contre valeur stratégique

Ce à quoi nous assistons n’est pas une fluctuation de marché causée par une simple décision commerciale, mais une profonde restructuration industrielle mondiale pilotée par l’agenda environnemental. La décision de l’OMC n’est pas le point culminant, mais un intermède dans une bien plus vaste ouverture de changements.

  • Impact à court terme : « Bruit » de marché. Puisque l’UE utilisera inévitablement le mécanisme d’appel pour retarder la mise en œuvre, les droits actuels resteront inchangés et les fondamentaux du marché ne bouleverseront pas. Les attentes d’un retour massif de l’acier inoxydable indonésien en Europe ne peuvent être satisfaites, et les flux commerciaux internationaux réels ne seront pas substantiellement modifiés. Cela ne fait qu’accroître l’incertitude du marché à court terme.

  • Valeur stratégique : Pion de négociation. La vraie valeur de la décision réside en dehors du marché — elle offre à l’Indonésie un précieux atout stratégique de négociation. Son application la plus importante sera de renforcer la position de l’Indonésie dans les négociations en cours de l’Accord de partenariat économique complet Indonésie-UE (CEPA). L’Indonésie peut utiliser cette conclusion officielle de l’OMC comme preuve du protectionnisme européen, obtenant ainsi une position plus favorable et des concessions potentielles à la table des négociations.

  • Redéfinition à long terme : En fin de compte, ni la décision ni les droits anti-subvention ne redéfiniront le marché. Ce rôle revient au CBAM et à la montée des barrières commerciales vertes. Ce changement poussera irréversiblement le marché mondial vers la fragmentation et réécrira fondamentalement la norme de valorisation des actifs pour l’acier inoxydable — à l’avenir, la structure énergétique et l’efficacité carbone compteront plus que la seule capacité de production.

—Rédigé par Bruce Chew (bruce.chew@metal.com)

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