Selon une analyse des données de 2024 réalisée par les cabinets de recherche indépendants MERICS et Rhodium Group, malgré le fait que les entreprises chinoises évitent de plus en plus le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France, les investissements directs de la Chine en Europe ont connu leur première croissance depuis sept ans en 2024, portés par des projets de véhicules électriques et de batteries en Hongrie.
Les données montrent que le total des investissements directs étrangers (IDE) de la Chine dans l'UE et au Royaume-Uni a bondi de 47 % l'année dernière, atteignant 10 milliards d'euros.
Ce chiffre a mis fin à la tendance à la baisse qui avait persisté pendant plusieurs années consécutives. Max Zenglein, économiste en chef du MERICS, a déclaré que l'UE reste attractive pour les investisseurs chinois.
Les investissements directs de la Chine en Europe sont principalement réalisés par de grandes entreprises. CATL, Tencent, Geely, Envision Technology et le fabricant de batteries Gotion High-tech ont représenté près de la moitié de l'investissement total.
Dans l'ensemble, face à une surveillance politique accrue et à des tensions commerciales, les entreprises chinoises ont déplacé leur attention des fusions-acquisitions (F&A) vers les investissements en site vert ces dernières années.
Les investissements en site vert, également appelés investissements de construction neuve, font référence aux entreprises créées par des entités d'investissement telles que des multinationales dans le pays hôte, où la totalité ou une partie de la propriété des actifs appartient à des investisseurs étrangers. De tels investissements entraînent directement une augmentation de la capacité de production, de la production et de l'emploi dans le pays hôte.
Les données montrent que les investissements en site vert de la Chine en Europe ont augmenté de 21 % l'année dernière par rapport à 2023, marquant la troisième année consécutive de croissance. Bien que les investissements en F&A aient atteint 4,1 milliards d'euros l'année dernière - soit une forte augmentation de 114 % - leur base était relativement faible.
Le rapport révèle que sept des dix plus gros investissements de la Chine en Europe l'année dernière impliquaient la chaîne d'approvisionnement en véhicules électriques et en batteries. Quatre d'entre eux impliquaient la Hongrie.Le plus gros investissement reste l'usine de batteries de 7,5 milliards d'euros de CATL en Hongrie, annoncée en 2022 (qui est comptabilisée par lots dans les investissements en site vert pendant la période de construction).
Le rapport déclare : « CATL est redevenue le plus grand investisseur en 2024, représentant 16 % de l'investissement total, principalement grâce à son usine de batteries en construction en Hongrie. « Il a ajouté que le géant des batteries était le plus grand investisseur chinois en Europe ces cinq dernières années.
La Hongrie est devenue le partenaire le plus proche de la Chine en Europe ces dernières années, attirant 31 % des investissements chinois en Europe l'année dernière, dépassant aisément les puissances européennes traditionnelles que sont l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Ces trois puissances européennes ont représenté ensemble 20 % de l'ensemble des investissements chinois en Europe l'année dernière, en baisse par rapport à la moyenne de 52 % des quatre années précédentes.
La semaine dernière, le gouvernement hongrois a également signé un accord de coopération stratégique avec BYD. BYD a annoncé qu'elle ouvrirait son siège européen et son centre de R&D en Hongrie et étendrait son usine d'assemblage existante dans ce pays, plaque tournante de l'Europe centrale.
En matière de fusions et acquisitions (F&A), l'investissement le plus représentatif a été sans aucun doute l'acquisition par Tencent du développeur de jeux vidéo polonais Techland pour 1,5 milliard d'euros. Toutefois, on s'attend à ce que les activités globales de F&A restent moroses. Les capacités de R&D des entreprises chinoises s'étant renforcées, la motivation pour les F&A s'est affaiblie.
Yan Dong, vice-ministre chinois du Commerce, a déclaré le 9 mai qu'à la fin de 2024, les entreprises de l'UE avaient investi cumulativement plus de 150 milliards de dollars en Chine, tandis que la Chine avait investi cumulativement près de 110 milliards de dollars en investissements directs en Europe. La coopération en matière d'investissement entre la Chine et l'UE est entrée dans une « voie rapide bidirectionnelle », avec un grand potentiel pour l'avenir.
Yan Dong a souligné qu'à l'heure actuelle, le monde connaît des changements accélérés depuis un siècle, avec de multiples risques et défis qui se chevauchent. L'unilatéralisme et le protectionnisme ont un impact grave sur les règles et l'ordre internationaux, ce qui rend encore plus importante la signification stratégique et l'influence mondiale du développement sain et stable des relations sino-européennes. La Chine est disposée à travailler avec l'UE pour mettre en œuvre le consensus important atteint par les dirigeants des deux parties, promouvoir l'amélioration de l'efficacité du commerce et des investissements bilatéraux, gérer de manière appropriée les différends économiques et commerciaux par le dialogue et la consultation, préserver la sécurité et la stabilité des chaînes industrielles et d'approvisionnement, élargir la coopération dans les domaines vert et numérique, défendre conjointement le multilatéralisme et le libre-échange, renforcer la coordination sur les questions multilatérales telles que le changement climatique et la réforme de l'OMC, injecter plus de stabilité et d'énergie positive dans les relations sino-européennes et contribuer à la reprise économique mondiale.
